Justin Trudeau grand responsable de la crise des camionneurs au Canada ?
Le calme est revenu à Ottawa. Dimanche 20 février, une intervention policière a mis fin à vingt-quatre jours d’occupation du centre de la capitale canadienne par le “convoi de la liberté”. À l’heure de faire les comptes, la presse juge sévèrement la réaction du Premier ministre.
Cent quatre-vingt-une arrestations, 57 véhicules remorqués : une imposante opération policière amorcée le 17 février a permis de chasser “du centre d’Ottawa les manifestants venus protester contre la vaccination obligatoire et les mesures sanitaires”, résume Le Devoir [...]
Les députés de la Chambre des communes doivent se prononcer [...] sur cette loi invoquée par le Premier ministre, Justin Trudeau, pour mettre fin aux troubles. La Ville d’Ottawa et le gouvernement canadien comptent lancer des enquêtes “pour savoir comment cette manifestation a pris de telles proportions, et pour prévenir que cet épisode se répète”, écrit Radio-Canada.
Mais la presse tombe déjà à bras raccourcis sur le Premier ministre. À commencer par le National Post : "N’y a-t-il pas de députés héroïques prêts à se dresser devant cette usurpation grossière des droits des citoyens et à dénoncer vigoureusement un abus sauvage de l’autorité de l’État ?”
Des munitions pour la droite américaine
“Y a-t-il un guérisseur dans la Chambre ?” enchaîne le Globe and Mail. Reconnaissant que le Premier ministre ne pouvait négocier avec les manifestants, l’influent quotidien note tout de même que des citoyens ordinaires excédés par la pandémie se trouvaient parmi eux. “M. Trudeau aurait dû chercher des moyens de tendre la main aux personnes dans ce pays qui partagent leurs sentiments et leur envoyer un signal d’inclusion.”
“En invoquant une loi des mesures d’urgence aussi tardive que disproportionnée, le Premier ministre Trudeau donne des munitions rhétoriques inespérées à la droite populiste américaine”, juge quant à lui Le Journal de Montréal. Selon le quotidien, si les différents niveaux de gouvernement avaient appliqué des lois existantes de façon plus ferme, ils “auraient pu éviter que ces manifestations prennent une telle ampleur”.
Nouvelle guerre des classes
Le Wall Street Journal dénonce lui aussi une réponse démesurée. Évoquant une “urgence destructive de Trudeau”, le quotidien rappelle que le 17 février “la police d’Ottawa, avec l’aide provinciale et fédérale, est finalement sortie en nombre, a bloqué les sorties d’autoroute, a établi un périmètre et des points de contrôle et a arrêté les chefs du blocus. Tout cela aurait pu être fait en vertu de la loi existante.”
Un chroniqueur du New York Times dit que, avec la contestation des camionneurs, une nouvelle guerre des classes a fait son apparition au Canada. D’un côté, “vous avez Justin Trudeau” et un establishment canadien imposant des règles sanitaires plus contraignantes qu’aux États-Unis. De l’autre, “vous avez les camionneurs et leurs alliés : un mélange complexe de forces dans le style des ‘gilets jaunes’ français […], défini par un épuisement face aux restrictions pandémiques”. Citant l’écrivain N. S. Lyons, le quotidien conclut que la contestation d’Ottawa a accentué la division entre ceux “dont la vie professionnelle est de plus en plus vécue dans le domaine du ‘numérique et de l’abstrait’ et les personnes qui travaillent dans la ‘réalité physique banale’ dont dépend encore la société virtuelle”.
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